Val de Grâce 17/10/2018
La Visite du Val de Grâce
Le 17 octobre 2018, dix-sept amis de l’association se sont retrouvés Place Alphonse Laveran à Paris Vème pour une visite du Val de Grâce. Le nom évoque avant tout le célèbre hôpital parisien des armées fermé en 2017, mais c’est aussi un monument de grande valeur et un grandiose ensemble historique dont notre conférencière Madame Isabelle Arnaud nous a retracé l’historique et qui avec son église et ses vastes bâtiments est l’un des mieux conservé de Paris.
En 1385 se trouvaient trois corps d’hôtel ayant appartenu au Comte de Valois, devenus ensuite la propriété du Connétable de Bourbon connue sous le nom de « Petit Bourbon » qui lui avait été confisquée après sa trahison. Ces biens ont été offerts par Louise de Savoie mère de François 1er à son médecin Chapelain. Henri IV y dormit en 1589 et des Oratoriens y furent logés jusqu’en 1616.
En 1621 Anne d’Autriche alors âgée de 19 ans, épouse de Louis XIII achète le « Petit Bourbon » et y installe les Bénédictines venues de l’Abbaye du Val de Grâce de Notre-Dame de la Crèche à Bièvres.
En 1624 elle pose la première pierre du monastère où elle s’est réservé un modeste logement de deux pièces et d’une chambre à l’étage où elle peut échapper à la surveillance de Richelieu soucieux de ses relations avec sa famille espagnole. Le roi louis XIII et Richelieu avaient eu des informations selon lesquelles Anne d’Autriche échangeait avec son frère le roi Philippe IV d’Espagne une correspondance qui transitait par les religieuses du Val de Grâce durant la guerre opposant les deux royaumes. Ces soupçons de trahison pesant sur Anne d’Autriche avaient même conduit à la frapper temporairement de l’interdiction de se rendre au Val de Grâce.
L’abbaye royale du Val de Grâce résulte du vœu d’Anne d’Autriche épouse du roi Louis XIII d’élever un temple à Dieu s’il lui donnait un fils. Le 5 septembre1638 après vingt-trois ans de mariage naît enfin le futur Louis XIV. Dès le mois précèdent sa naissance Anne d’Autriche fidèle à sa promesse charge François Mansart architecte de la Couronne d’établir les plans de l’église et du nouveau monastère, mais il lui faudra attendre de devenir régente en 1643 pour transformer le petit monastère en une vaste abbaye. La première pierre de l’église sera posée le 1er avril 1645 par l’enfant roi âgé de sept ans.
La construction de l’église d’abord confiée à François Mansart puis à Jacques Lemercier et enfin à Pierre Le Muet assisté de Gabriel Le Duc ne sera achevée que quelques mois avant la mort d’Anne d’Autriche.
Les plus grands artistes de l’époque ont participé à son ornementation. Les principales sculptures du chœur et de la voûte sont dues à François et Michel Anguier ainsi qu’à Philippe de Buyster. En 1663 Pierre Mignard peint la coupole riche de deux cents personnages. Le maître-autel et le baldaquin sont réalisés par Gabriel Le Duc en 1669 après la mort d’Anne d’Autriche. Les deux tableaux de Philippe de Champaigne : la Résurrection et l’Ascension du Christ sont également exposés dans l’église.
Le 31 juillet 1793 la Convention autorise le ministre de la guerre a utiliser l’Abbaye du Val de Grâce comme hôpital militaire ce qui la sauva probablement de la destruction.
Aujourd’hui l’abbaye royale du Val de Grâce abrite l’école d’application du Service de Santé des Armées. Y sont également implantés le musée du Service de Santé des Armées ainsi que la bibliothèque centrale du Service, deuxième bibliothèque médicale de France qui comporte plus de 40 000 ouvrages et près de 600 collections de périodiques.
L’hôpital militaire du Val de Grâce qui a été longtemps un emblème de l’excellence médicale française où les chefs d’Etat et personnalités politiques françaises et étrangères ainsi que des personnalités du spectacle étaient soignées a cessé maintenant toute activité médicale.
Dans le cadre du plan de restructuration des Armées les activités hospitalières ont été transférées vers deux établissements d’Ile de France à vocation strictement militaire : l’Hôpital Percy à Clamart et l’Hôpital Begin à Vincennes.
La fermeture du service médical avec ses unités de soins spécialisés constitue à coup sûr la fin d’une époque pour cet hôpital prestigieux qui a été à travers le monde le symbole de l’excellence médicale française.
A la fin de notre périple nous avons admiré une dernière fois l’église baroque inspirée de Saint-Pierre de Rome dont le dôme haut de 20,28 mètres bien que jugé trop bas par Le Bernin est l’un des plus hauts de Paris après ceux du Panthéon et des Invalides.
Après avoir salué la statue de bronze du Baron Larrey chirurgien en chef de la Grande Armée, œuvre de David d’Angers nous avons dû sortir du Val de Grâce par la place Laveran en raison de la fermeture de la porte située boulevard de Port-Royal que nous voulions emprunter pour rejoindre le Bistrot V voisin de l’hôpital. Heureusement le chaleureux accueil et la qualité du goûter au Bistrot V nous ont fait oublier la petite marche surprise de 8oo mètres sur le boulevard au long de l’enceinte de l’hôpital.
Huguette Soudieux et Hélène Barthon