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L'AVARE

Publié par JC Miralles

L'AVARE
L'AVARE

           L’AVARE

               Le 3 mars 2020, pour la première sortie de l’année 2020, nous avons souhaité proposer à nos amis une sortie d’un nouveau genre. Après les visites-conférences des musées et châteaux de Paris et d’Ile-de France, les croisières avec déjeuners ou goûters sur les rivières et canaux  et la découverte de l’univers des courses de chevaux à l’Hippodrome de Paris-Vincennes, nous avons choisi d’aller au théâtre pour assister à une représentation de l’Avare, l’une des plus célèbres comédies de Molière.

               Ce n’est pas à la Comédie Française où étaient traditionnellement jouées les pièces classiques que nous avons pu voir ou revoir le célèbre avare Harpagon mais à l’Espace Marais, 22 rue Beautreillis à Paris dans le 3ème arrondissement, tout près de la Place des Vosges dans l’ancien Hôtel de Charny. Ce haut-lieu d’histoire a été bâti en 1676 et a appartenu au Comte de Charny écuyer du Roi Louis XV. Il a été habité par Baudelaire en 1858 alors qu’il publiait les Fleurs du Mal. Au 19ème siècle le peintre Paul Cézanne en  a fait son atelier. En 1980, après avoir été occupé par une chocolaterie, le Théâtre de l’Espace Marais, conçu par Michel Boutier et Sissia Buggy, y a pris ses quartiers dans l’aile gauche de l’hôtel particulier.                                                      

Michel Bouttier et Sissia BuggyMichel Bouttier et Sissia Buggy

Michel Bouttier et Sissia Buggy

                 L’allure de ce petit théâtre de 120 places est très contemporaine.  La pièce mise en scène par Sissia Buggy est étonnamment moderne même si elle s’inscrit dans le répertoire le plus classique. Le rythme est effréné, les comédiens courent, se cachent et exploitent l’espace sur deux niveaux. Les échanges avec le public sont permanents. Les spectateurs entourent la scène comme aux débuts du théâtre de Molière et ils donnent parfois la réplique à Harpagon. Les clins d’œil à notre époque sont fréquents mais ne dénaturent pas le texte qui garde toute sa pureté. Joseph Morana qui incarne Harpagon est un meneur extraordinaire autour duquel gravitent des personnages si chers au monde de Molière : valets, hommes de loi et intrigantes.

              L’action se déroule au sein d’une famille parisienne. Harpagon, homme rongé par l’avarice est le père de Cléante et Elise qui sont respectivement amoureux de Marianne et Valère.  Marianne est aimée d’Harpagon qui a le projet de l’épouser malgré leur différence d’âge. C’est avec cette histoire simple que Molière va faire passer des messages au public. Il traite  de l’avarice et des avaricieux en montrant combien le personnage d’Harpagon odieux et ridicule désorganise toute sa famille et fait souffrir ses proches en raison de son vice. Après une alternance de scènes dramatiques et comiques et un coup de théâtre au dernier acte, l’amour triomphe et Harpagon reste seul avec sa cassette.

                  Qui était Molière ?  Quelle a été son œuvre ? Comment peut-on analyser l’Avare ?

                 Molière est l’un des dramaturges les plus illustres de la littérature française. Né sous le nom de Jean-Baptiste Poquelin à Paris le 15 janvier 1622, il est issu de la bourgeoisie parisienne. Son père était un riche tapissier qui détenait la charge prestigieuse de «  tapissier-valet » de la chambre du roi.

              A ses débuts, il ne rencontre pas de succès car il ne joue en province que des pièces mineures de son répertoire. En 1658 la troupe de Molière s’installe à Paris et obtient la protection du frère du roi. Il connaît alors son premier succès en 1659 avec la comédie «  Les Précieuses Ridicules ».  Toutefois il se voit reprocher de ne pas jouer les pièces classiques comme Corneille ou Racine. En 1661 il est enfin repéré par le Tout-Paris et multiplie ses représentations, devant le roi et la famille royale, après avoir mis au point une nouvelle forme de spectacle : la comédie-ballet.

                 Le comédien du roi a conçu quinze comédies-ballets et autres pièces mêlées de chansons et de danses pour répondre au goût du monarque qui était un danseur remarquable.

               Les comédies de Molière ont revêtu des genres variés. Certaines sont de simples farces,  d’autres des comédies de caractère. Molière a écrit également deux comédies critiques dans lesquelles il s’adressait directement au public comme dans «  La Critique de l’Ecole des femmes ». Il n’a pas non plus oublié les comédies d’intrigue comme « Les Fourberies de Scarpin « écrite en 1671. Il nous a laissé également neuf comédies de mœurs comme Tartuffe ou l’Imposteur, les Femmes Savantes ou l’Avare.

                Toutefois  Molière précisait bien que son dessein était seulement de peindre les mœurs mais sans toucher aux personnes et qu’il ne fallait en aucun cas rechercher des ressemblances entre les personnages qu’il créait et des personnalités existantes.

               L’Avare fut représenté pour la première fois le 9 septembre 1668 sur la scène du Palais-Royal et Molière y jouait le rôle d’Harpagon. Cette pièce en cinq actes et en prose fut accueillie très froidement par le public habitué aux comédies en vers. Elle obtint ensuite un succès mérité et fut jouée 40 fois entre le 14 décembre 1668 et la mort de Molière le 17 février 1673.  Entre 1680 et 1960, l’Avare a été joué 1989 fois à la Comédie-Française et il compte encore aujourd’hui parmi les comédies de Molière les plus souvent représentées.

                 Ce chef d’œuvre de Molière rencontre toujours le même succès et est encore l’une des pièces les plus jouée en France. D’autres adaptations en ont été faites notamment au théâtre de Conches-en-Ouche (Eure) dans une version complètement « siphonnée ». La compagnie Tabola Rassa a adapté l’Avare au Théâtre d’Objets et entièrement sur le thème de l’eau. L’or est remplacé par l’eau et les personnages sont incarnés par des robinets. Cette création est jouée à travers le monde depuis 2003. 

                  Attendons les nouvelles versions qui nous seront proposées pour que Molière continue à franchir les siècles !

              Après ces deux heures de plaisir, de rire et de détente, nous avons terminé cet après-midi récréatif en dégustant une tarte Tatin à la brasserie « La Chamade » rue de Birague près du théâtre, en espérant que l’épidémie de coronavirus ne retardera pas trop longtemps nos prochaines sorties.

 

                                                                                                              Hélène Barthon.