Croisière sur la Seine et la Marne - Escale au Pays des Guinguettes
Croisière sur la Seine et la Marne
Escale au Pays des Guinguettes
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Le 17 mai 2013, les 25 participants à la croisière sur la Seine et la Marne se sont retrouvés au Port de Plaisance de Paris-Arsenal où ils ont été accueillis par le capitaine du bateau et le conférencier.
Après un départ à 9 heures 30 précises et le passage de l'écluse de l'Arsenal qui nous a permis d'apprécier une manoeuvre d'arrimage avec deux cordes rappelant celle que l'on pratiquait avant la mécanisation, le bateau s'est engagé sur la Seine dans le sens de l'amont et les tours de Notre Dame nous ont salués au loin.
Après les écluses de la Bastille, nous avons vite basculé dans le modernisme du 21ème siècle en traversant les quartiers de Bercy, l'Institut de la Mode et du Design et la Grande Bibliothèque de France avec sa forme de deux grands livres semi-ouverts.
Nous avons croisé des chalands et des péniches de fort tonnage nous rappelant que Paris est un grand port de commerce.
Après un cours de navigation fluviale pratiqué par notre guide, qui nous a exposé la signification des losanges accrochés sur les ponts, tunnels et canaux, nous avons traversé la frontière que constitue le pont du périphérique entre Paris et sa banlieue.
Longeant les berges de Charenton et d'Ivry-sur-Seine longtemps vouées au commerce du vin et de la pierre, nous avons gagné le confluent de la Seine et de la Marne que surplombe le complexe hôtelier de Chinagora construit par les chinois au confluent de deux cours d'eau, symbole de bonheur et de réussite selon la vieille tradition chinoise.
Le bateau a tranquillement remonté la Marne vers Maisons-Alfort saluant au passage l'église Sainte-Agnès et l'Ecole Vétérinaire.
Après les écluses de Charenton et de Saint-Maurice, ville natale du peintre Eugène Delacroix, le bateau s'est engagé dans l'étroite voûte de Joinville-le-Pont, longue de 521 mètres pour déboucher en aval du Pont de Joinville, au pays des guinguettes, des frites et des sociétés d'aviron, cher aux frères Prévert et à Bourvil.
Le conférencier a profité de notre passage près des guinguettes pour nous rappeler leur origine.
Elles datent du 19ème siècle et c'est là qu'on buvait le «guinguet» vin produit sur les côteaux des alentours qui avait pour effet de faire danser la gigue.
Paradis des sportifs et des canotiers, les guinguettes ont vu affluer par le chemin de fer et les bateaux omnibus, les parisiens qui fuyaient une capitale alors insalubre.
Les guinguettes ont été construites dans des styles différents. Certaines de décoration néogothique ont été inspirées de la cathédrale Notre-Dame de Paris rendue célèbre par le roman de Victor Hugo, d'autres ont pris l'aspect de cabanes rustiques rappelant l'épopée de robinson Crusoé et d'autres encore ont été construites selon la mode de l'Art Nouveau tout en courbes et végétaux en rupture avec la rigueur néo-classique.
Grâce aux guinguettes, la danse qui était jusqu'alors réservée aux gens les mieux nantis s'est démocratisée. Toutes les catégories sociales ont afflué dans les guiguettes surtout à la fin de la première guerre mondiale dans l'euphorie de la paix retrouvée.
Leur déclin s'amorça avec le Front Populaire et les congés payés. L'apparition de l'automobile vit les parisiens leur préférer d'autres régions de villégiature plus lointaines.
Dans les années soixante, le twist et le rock'n roll sont venus détrôner le bal-musette.
A cette même époque, la pollution de l'eau et l'intensification du trafic fluvial ont intensifié encore le déclin des guinguettes.
Actuellement des efforts de communication sont entrepris pour redonner l'envie de revenir les fréquenter.
Nous avons ensuite glissé doucement le long de l'Ile Fanac puis de l'Ile de Beauté rendue célèbre par Agnès Sorel favorite du roi Charles VII en admirant au passage le Pavillon Baltard sur les hauteurs de Nogent. Après notre passage sous le pont puis sous le viaduc de Nogent qui avait été détruit en 1944 pour couper la voie ferrée aux allemands, nous avons longé les rives verdoyantes de l'Ile d'Amour et de l'ile des Loups avant de faire demi-tour au Pont de Bry et de descendre la rive gauche et d'amarrer à midi devant la célèbre guinguette Gégène dont l'enseigne représente un imposant cuisinier coiffé d'une mitre blanche qui nous invite à passer à table.
Nous avons déjeuné sur des tables en bordure de la piste de danse où une accordéonniste nous a joué de célèbres morceaux de bal-musette. Quelques-uns d'entre nous ont pu exercer leur talents de danseur demeurés intacts.
Le repas terminé, nous avons repris la descente de la Marne puis de la Seine dans une ambiance guinguette assurée par Tipoff, accordéonniste et animateur qui a accompagné nos pas de danse jusqu'à notre retour au Port de l'Arsenal.
A dix-sept heures, nous avons remis le pied sur la terre ferme surpris de nous retrouver en 2013 soit presque cent ans après l'apogée du temps des guinguettes.
Hélène Soudieux-Barthon