Giverny - 17/05/2017
A GIVERNY AU PAYS DES IMPRESSIONNISTES
Le 17 mai vers huit heures et demie le car de la SAVAC mettait le cap sur Giverny (Eure) pour découvrir le monde de Claude Monet, peintre et maître de l’impressionnisme français qui y vécut plus de quarante ans jusqu’à sa disparition en 1926.
En effet entre 1860 et 1890 une nouvelle peinture qui prendra le nom « d’impressionnisme » voit le jour et veut combattre une expression artistique vieillie aux conventions bien établies.
Les impressionnistes s’attachent d’abord à la représentation de la vision. Monet disait : « Je peins ce que je vois et non ce qu’il plaît aux autres que je vois ».
A notre arrivée dans le village normand de Giverny, nous avons visité le Musée des Impressionnistes et l’exposition « Tintamare » consacrée à la représentation des instruments de musique dans l’art de 1860 à 1910.
Elle permet de découvrir à travers une centaine d’œuvres les liens étroits entre la musique et la peinture. Il convient de rappeler qu’à la fin du dix-neuvième siècle étude de la peinture et enseignement de la musique étaient souvent indissociables dans les milieux privilégiés. Pendant le Second Empire, la musique comme la peinture connaît des bouleversements profonds avec l’apparition de nouveaux instruments et une implication grandissante dans la vie collective liée au développement des cafés-concerts, bals, fanfares cirques et autres distractions.
Manet, Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec sont parmi les nombreux peintres de l’époque à s’être inspirés du dynamisme de la vie musicale. La musique évolue également et des compositeurs tels que Debussy et Ravel bousculent la tradition, des liens se nouent entre musique et peinture impressionniste.
Après un sympathique déjeuner à la Brasserie du Musée nous avons rejoint la maison et les jardins de Monet qui constituaient son monde quotidien et sa source d’inspiration . Monet était tout aussi passionné par les couleurs que par le jardinage ; il a conçu ses jardins comme de véritables tableaux. Au fil des années et jour après jour il a bâti son décor comme une extraordinaire peinture en mouvement.
Ces jardins sont constitués de deux parties: d’une part le Clos Normand devant la maison de l’artiste acquis en 1883 et d’autre part le Jardin d’Eau d’inspiration japonaise acquis en 1893 auquel on accède par un souterrain passant sous la route.
Le Clos Normand situé devant la maison est découpé en plates-bandes où les massifs de différentes hauteurs créent des volumes. Monet allie les fleurs en fonction de leurs différentes couleurs depuis les variétés les plus simples jusqu’au plus recherchées. Comme il le disait : « tout mon argent passe dans le jardin ». Nous pouvons encore l’imaginer remontant sous les arceaux de rosiers fleuris, l’allée centrale menant à sa maison au crépi rose et aux volets verts.
Le jardin d’eau a été créé en 1893. Après avoir surmonté quelques tracasseries administratives, Monet a reçu l’autorisation préfectorale de dévier un petit cours d’eau dérivé de l’Epte pour permettre la création d’un bassin et la réalisation d’un jardin à la japonaise planté de végétaux orientaux et de saules pleureurs. Le célèbre pont japonais de couleur verte a été immortalisé plus de quarante-cinq fois par l’artiste. Les nymphéas sont également restés pour Monet une source de création permanente.
La visite s’est poursuivie par une intrusion dans l’intimité de Monet en parcourant sa maison, les appartements privés au premier étage et au rez-de-chaussée : le salon-bleu, l’épicerie, le salon-atelier, la salle à manger jaune et la cuisine reconstituée dans les moindres détails où l’on peut ressentir l’ambiance qui y régnait quand les légumes arrivaient le matin en provenance du potager pour honorer les invités conviés à sa table ( peintres, sculpteurs, écrivains et un seul homme d’Ẻtat: Clémenceau.)
Après ce parcours « au pays des merveilles » il est important de faire un retour dans son histoire et de rendre hommage à ceux qui en ont permis le sauvetage et assuré sa notoriété mondiale.
A la mort de Claude Monet en 1926, son fils Michel n’habita pas à Giverny car il ne partageait pas la passion de son père pour la propriété. La Deuxième Guerre Mondiale en aggrava le délabrement. Il décéda accidentellement le 3 février 1966 en instituant l’Académie des Beaux-Arts comme légataire universelle (propriété et œuvres d’art de Monet et de ses amis).
A partir de 1977 la maison et les jardins seront restaurés à l’identique en utilisant les plans laissés par Monet et après avoir reçu les témoignages de certains proches des jardiniers de l’époque. L’académicien Gérald Van Der Kemp alors conservateur en chef du Château de Versailles a convaincu les mécènes américains réunis à Versailles de soutenir le financement des travaux de réhabilitation.
Actuellement Giverny sert de référence en matière d’horticulture .Des professionnels et artistes du monde entier viennent à Giverny étudier la richesse et la variété de la végétation. Dans les serres du Clos Normand sont cultivées des variétés de fleurs qui par rotation de trois années garniront les plates-bandes entourant la maison du peintre.
Avant de quitter la propriété en fin d’après-midi pour Paris, nous avons fait un petit détour par le grand atelier de Monet, transformé en magasin et galerie d’exposition. Quelques souvenirs et des sachets de graines multicolores sont venus garnir nos sacs, il nous rappelleront les mauvais jours revenus, cette belle journée lumineuse comme un tableau impressionniste.
Huguette SOUDIEUX