Manufacture des Gobelins - 11/10/2017

            Le 11 octobre 2017, nous avons retrouvé nos amis de l’Amicale devant la manufacture de tapisserie et de teinture des Gobelins située  à Paris (13^ème arrondissement)  avenue des Gobelins,  qui a fêté son 400 ème anniversaire en 2001. Elle perpétue l’art du tissage selon des méthodes traditionnelles au profit du Mobilier National.

            Notre conférencière nous a rappelé l’historique de la manufacture avant de procéder à la visite des bâtiments répartis entre plusieurs cours  jusqu’au niveau de la Bièvre , rivière qui a été recouverte pour des raisons de salubrité publique.

            L’histoire de la Manufacture nous a été contée lors de notre première étape devant l’ancien logement de  Charles Lebrun comportant sur sa façade un décor de trophées et de guirlandes et sur laquelle  sont encore visibles les crochets sur lesquels des tapisseries  étaient exposées lors des visites du roi de France.

            Elle commence au début du XV siècle lorsque  le champenois  Jehan Gobelin crée un atelier de teinture dans l’actuel Faubourg Saint Marcel  sur un bras de la Bièvre. Ses descendants développent l’entreprise  en rachetant d’autres terrains au bord de cette rivière dont les eaux sont réputées pour leur qualité tinctoriale. Ils y bâtissent de vastes ateliers et éclipsent rapidement  les autres teinturiers du royaume en perfectionnant leur art  pendant un siècle et demi.

        En 1601 Henri IV sur les conseils de Sully met en place un ambitieux programme de développement des manufactures dans le royaume de France pour limiter au maximum l’achat de produits manufacturés et notamment  les tapisseries et les tapis dont le souverain et la Cour ont grand besoin. Il fait installer dans les bâtiments des héritiers de la famille Gobelins des ateliers de tapisserie  dirigés par deux flamands Marc de Comans et François de la Planche.

            En 1662, Colbert rachète la propriété pour la Couronne et le peintre Charles Le Brun en est le premier directeur. Il installe dans l’enceinte des Gobelins des peintres, des tapissiers, des ébénistes, des graveurs, des fondeurs. L’atelier de teinture organisé par Colbert en 1665 est resté depuis lors au même emplacement dans l’enclos des Gobelins mais les techniques ont considérablement évolué. Les matières naturelles d’origine végétale ou animale ont été remplacées par des pigments synthétiques.  En 1838, le chimiste Chevreul a créé le cercle chromatique ( à partir de 3 couleurs de base sont définis 72 tons  et 14 400 coloris).

           On ne produit aux Gobelins que des tapisseries de haute-lisse exécutées sur des métiers à tisser verticaux. C’est la haute-lisse qui a fait de Paris et de la France le centre mondial de la tapisserie. La production royale est destinée à l’ameublement des maisons royales et aux présents diplomatiques. Pendant les trente années qui constituent l’âge d’or de la Manufacture, 775 pièces sont réalisées dont 545 sont ré-haussées de fils d’or.

            En 1664, Colbert crée la Manufacture de Beauvais toujours pour concurrencer les manufactures des Flandres en réalisant des tapisserie de basse-lisse sur des métiers à tisser horizontaux et renommées pour les garnitures de sièges. Après la destruction des bâtiments en 1940 au cours de la Seconde Guerre Mondiale les métiers à tisser de basse-lisse sont transférés dans l’enclos des Gobelins.

            La Manufacture de la Savonnerie fondée par Louis XIII en 1627 sur la colline de Chaillot en 1627 dans une ancienne savonnerie, a également rejoint l’enclos des Gobelins en 1826. Elle est actuellement installée depuis 1968 sur deux niveaux dans le bâtiment des nouvelles manufactures. Le métier à tisser de haute-lisse est le même qu’aux Gobelins mais le lissier effectue avec sa broche des points  et des nœuds qui seront ensuite tondus pour obtenir un velours.

          Rattachée à l’Administration du Mobilier National depuis 1937, la Manufacture Nationale des Gobelins tisse comme il y a quatre siècles d’après des œuvres contemporaines témoignant ainsi des multiples possibilités d’un mode d’expression ouvert à toutes les tendances esthétiques et contemporaines. (le carton aujourd’hui peut être le résultat d’un agrandissement ou d’une photographie).

            A ce  jour, la Manufacture des Gobelins emploie 30 agents et dispose de 15 métiers à tisser. Chaque année ce sont 6 à 7 pièces qui «  tombent de métier » .

             Nous sommes descendus ensuite jusqu’au bâtiment du Mobilier National où sont conservés et inventoriés tous les meubles et objets mobiliers des édifices publics.  Le Mobilier National a été créé à l’époque où les rois changeaient fréquemment de château alors qu’il fallait souvent transporter les meubles.

            Notre visite s’est achevée dans les ateliers de basse-lisse et de la Savonnerie où nous avons pu rendre hommage à  la capacité artistique et à  la patience des lissiers.

            Nous avons ensuite descendu l’Avenue des Gobelins pour goûter à la Brasserie Le Canon des Gobelins  et nous détendre après notre « concentration » sur les métiers à tisser.

                                                                                                     Hélène Barthon